mardi 30 décembre 2008

Québec-Ventanilla (Oaxaca, Mexique) 2008 – Phase 4

Phase 4 : un cul-de-sac...
et un grand détour jusqu’à Panuco


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I - Voilier d'ibis blancs au Tamaulipas; un adulte et des juvéniles
© 2008 Paul Germain

Même sédentaires, les oiseaux – sauf exceptions – voyagent par voie aérienne. Ils sont les voyageurs par excellence. Légers et gracieux. Vous les enviez si votre cœur est resté jeune. Vous êtes toujours en voyage si votre regard les suit jusqu’aux horizons bleus ou verts. Et aussi dans les nuages empourprés de l’aube et du crépuscule.

Mercredi, 19 nov.
Onzième jour. Je me lève tôt. À 5h20 il fait encore nuit et froid (6°C). Au lever du soleil, le moucherolle phébi chante à qui mieux mieux. J’ai le goût des réserves écologiques. Je lève mon camp de chez Guadalupe dans les contreforts du ciel. Dans mon guide routier, je vise La Reserva de la biosfera Sierra del Abra-Tanchipas.

En redescendant par Gomez Farias, j’arrête au Palacio Municipal pour saluer le policier Osiel Reyes et faire les arrangements pour qu’il puisse recevoir le portrait qu’il m’a demandé de lui-même (photo dans le précédent épisode). Lorsque vous prenez ainsi contact avec votre prochain, même si les chances de vous retrouver sur la planète paraissent nulles, il est dans votre nature profonde de tenir parole, d’agir comme si votre bonheur et le sien dépendaient de la fraternité et de l’humanité de vos gestes en cet instant. Vous ressentez cette fraternité, vous n’y croyez pas.

Enthousiasmé par la réserve El Cielo, je me dirige vers la suivante, dans la Sierra del Abra-Tanchipas à peine 70 km plus au sud, dans l’état voisin de San Luís Potosi. À cause de son nom et du relief général, j’imagine une haute montagne. Je souhaite simplement la traverser par la route et la brecha qui relie (voir la carte ci-dessous) les hameaux de Celaya et Los Olímpicos à la petite ville de Tamuin, plus au sud. Je m’arrêterai à l’occasion pour faire des observations et des photos. Puis de Tamuin, je me dirigerai vers Ebano, Panuco, et Tuxpan sur la côte du Golfe… éventuellement Tecolutla.

Sur le terrain, aucune balise n’identifie mon itinéraire depuis Celaya vers la réserve. Même le hameau de Los Olímpicos situé à la limite nord de la réserve n’est pas annoncé sur la route – Étrange, j’arrive du Ciel et je cherche l’Olympe !…. Un paysan m’aide à m’y retrouver, tout en affirmant que ce n’est pas une route pour les voitures, et que je n’irai pas loin. Ce n’est pas mon intérêt de le croire. Je m’enfonce dans ce bled agraire qui longe le piedmont de la Sierra Cucharas, en négociant constamment ma place à travers les crevasses innombrables du vieux macadam. Puis le macadam cesse et la route de terre, primitive, est néanmoins beaucoup plus carrossable.



II - Itinéraire vers la réserve de la biosphère puis demi-tour et détour par Ciudad Valles et Tamuin. Cible manquée!

Plus j’avance, et plus je me demande si la réserve est en hauteur ou sur le plancher des vaches, car la route s’éloigne lentement de la Sierra. Ces montagnes ne sont d’ailleurs pas très hautes, affichant un profil très doux, en pente régulière. Un groupe d’oiseaux aquatiques prend son envol tout au bord de la route. Je m’arrête et observe une vingtaine d’ ibis blancs au bec et aux pattes rouge vif, et avec eux une grande aigrette. Je les photographie à leur nouvel envol (photo plus haut). Puis deux buses à gros bec se mettent à siffler et à voler de perchoir en perchoir. Cinq grandes cigognes, plus exactement des Tantales d’Amérique, étendent leurs ailes blanc et noir contre l’azur. J’ai l’impression d’approcher un sanctuaire d’oiseaux dans ces basses terres. Cela me semble de bon augure, et de plus en plus j’imagine la réserve comme un lieu de marécages et d’étangs fourmillant d’oiseaux fébriles, entourés d’une végétation arbustive…


III - Derrière et devant - Mais où est donc la Réserve? Et Los Olímpicos?
© 2008 Paul Germain


Puis j’arrive à un carrefour en croix sans aucune indication. Le soleil est maintenant haut car il est 10h30, et le paysage a l’allure d’un film western. J’arrête ma voiture en plein carrefour et sors faire quelques photos en attendant que quelqu’un arrive en ces lieux déserts pour m’orienter. À mon signe, un pépère arrête son auto et m’indique où se trouve Los Olímpicos, tout en m’affirmant que la route ne va pas plus loin. La réserve de la biosphère semble inconnue de tous. Il m’indique comment me rendre à Tamuin par de grands détours, tout en répétant qu’il est impossible d’y aller en passant par Los Olímpicos. Évidemment, mon intérêt m’incline à me fier à la carte plutôt qu’au gentil monsieur.

(Mais c’est le monsieur qui avait raison.)


IV - la Sierra del Abra-Tanchipas au sud-est des pâturages de l’Olympe… (Los Olímpicos)
© 2008 Paul Germain


Je traverse le hameau très bucolique de Los Olímpicos, pour arriver à un cul-de-sac au bord d’un ruisseau vert bordé de gros arbres. Un couple de Martin-pêcheurs à ventre roux y tient résidence, et une Buse à gros bec adulte joue à cache cache avec moi derrière les branches basses des acacias, tout en me défiant de son sifflement nasillard. Puis je décide de camper là pour une heure, le temps de manger un peu et de faire sécher mes sacs de couchage ramassés rapidement ce matin. Tout près, dans la chaleur lumineuse de midi, chassent deux échassiers : l’Aigrette tricolore et le Grand Héron.


V - Le cul-de-sac verdoyant de l'Olympe (!) et les martin-pêcheurs à ventre roux (note: les oiseaux ont été photographiés à Ventanilla
© 2008 Paul Germain

Mais de la réserve de la biosphère, pas le moindre indice, ni le moindre accès.

Je décide de rebrousser chemin, malgré la pénibilité de cette mauvaise route jusqu’à Celaya. De là, je me dirigerai vers Ciudad Valles, toujours dans l’état de San Luís Potosi, et je m’arrêterai dans un poste Internet afin de traiter mes courriels.

Dernière étape au Tamaulipas, je m’arrête près de Antiguo Morelos afin de faire quelques photos aux carrières de chaux et de gravier. La poussière blanche qui émane des concasseurs et des transbordeurs envahit le ciel et la forêt environnante, créant un effet surréaliste.



VI - Féérie de l'industrie de la chaux et du gravier au Tamaulipas
© 2008 Paul Germain


Plus tard, passant par Tamuin, je cherche une enseigne ou une balise informant sur la présence et la direction de la réserve de la biosphère, maintenant plus au nord. Rien. Rien non plus au sujet du village El Palmito situé dans la réserve du côté de Tamuin. Absolument rien. Dommage, car plus la réserve me paraît inconnue et oubliée, plus elle m’attire…

Je continue donc sur Ebano, dernière ville dans l’est de l’état de San Luís Potosi. Puis j’entre dans l’état voisin du Veracruz, et en fin d’après-midi, j’arrive dans la ville de Panuco, où je m’arrête à l’hôtel San Javier. L’établissement est vieillot, très simple, spacieux, très propre et pas cher du tout (13 $CAN, avec salle de bain privée).

La ville est extrêmement bruyante, et ma chambre reçoit tout ce bruit, même à l’heure tardive où je dois absolument me coucher. Contraste avec la montagne… Mais c’est tolérable. Simple question de disposition intérieure. Votre âme est en paix. Votre cœur est rempli de joie.


Jeudi, 20 nov.
Dès les 7 heures, je sors de l’hôtel pour explorer le petit parc voisin, qui borde aussi la rivière, Río Panuco. C’est ici un site historique. Les remparts qui longent la rivière, sont parsemés de lourdes pièces d’artillerie pointant vers l’autre rive. Le Río n’a rien du Grand Fleuve, mais la mise en scène touristique vous fait penser aux remparts de Québec avec ses noirs canons frappés d’un éternel mutisme !

Cependant, tout ici se prête à plus de douceur. Vous cédez à l’enjôlement des lumières matinales qui glissent sur l’eau, les rochers, les murs et les formes évocatrices des sirènes. Vous vous sentez caressé par tout ce qui vient en contact avec vos sens. Vous ne ressentez aucun besoin de splendeur et de majesté. Votre joie est simple et naïve.



VII - Muets symboles de rêves humains planant sur le Río Panuco - Panuco, Veracruz
© 2008 Paul Germain


Vous pourriez passer là toute la journée, à regarder simplement les mouvements de l’eau et des ombres, des oiseaux et des passants, des fleurs dans la brise. Vous vous amuseriez de tous les artifices et couleurs dont les notables de la ville ont cru devoir parer les monuments, les grilles, les édifices et autres structures à la mémoire d’un passé présenté comme glorieux bien que violent et abusif. Et à travers ça, le façonnement d’une civilisation…

Mais votre priorité est ailleurs. Après une vingtaine de minutes, vous sautez sur votre brave rossinante, et prenez le galop vers votre destin personnel.

La région entre Panuco et la grande ville côtière de Tampico semble un vaste marécage de 40 km de large. Elle est sillonnée de cours d’eau et parsemée de lagunes, et les oiseaux aquatiques de toutes espèces sont par milliers occupant toutes les niches possibles, pour se nourrir, se quereller et se reposer. Au printemps peut-être feront-ils l’amour. Ils n’y pensent pas. Ce sera bientôt l’hiver. Un hiver de soleil, d’eaux tièdes et de crevettes savoureuses.













VIII - Panuco, pays de soleil et d'eau, de verdure et d'oiseaux. Aussi terroir agraire et de la Vraie Croix © 2008 Paul Germain

C’est le Veracruz. Le nom signifie la Vraie Croix. What’s in a name? Je m’en fous, à tort ou à raison. Ce que je vois me suffit. Le pays regorge de soleil et d’eau, et donc de verdure et d’oiseaux. Il vous semble que vous parcourez le pays le plus riche du monde. Vous vous sentez vous-même le plus riche. Sans rien posséder.

Je file à travers des routes sinueuses et collinaires vers la ville de Poza Rica, où j’espère visiter demain les ruines totonaques de El Tajín. Mille ans de civilisation au premier millénaire… (circa 200 ap. J.-C. – 1,200).

En cours de route, la nationale est bloquée. Profitant de quelques avancées hésitantes, je me faufile jusqu’au devant de la file de véhicules en attente. Tout devient clair. C’est le 20 novembre, fête de la Révolution mexicaine (1910 – ne pas confondre avec l’Indépendance mexicaine, 1821). Au milieu de la route, des manifestations populaires appuyées par la police et les autorités politiques : on marche à la militaire, on tambourine, mais aussi, on s’arrête, on rit, on danse au rythme de musiques plus ou moins improvisées. Ce sont surtout des jeunes écoliers. C’est vraiment une manière de prendre possession du pays en disant aux voyageurs et commerçants : La route et tout ce qui la borde nous appartiennent, voyez comme nous sommes beaux et vivants, prenez patience si cela ne vous plaît pas!

C’est du moins l’histoire que je me suis racontée. Et cela m’a plu.

Prochain épisode :
Phase 5 : Tecolutla et Orizaba, du Golfe au sommet du Mexique



Resumen por los amigos que hablan español

En este artículo – original en francés – se trata de la fase 4 de mi viaje de Québec, Canadá, a Ventanilla, Oaxaca, México. Por eso viaje, maneje solo en mi coche un total de más que 7000 kilómetros en tres semanas.

En la fase 4 partí de la reserva de la biosfera El Cielo en Tamaulipas, miércoles el 19 de Noviembre de 2008. Llegué en Panuco, Veracruz al fin del día. En la mañana del jueves 20 de noviembre, partí hacia la costa del Golfo, después haber hecho unas fotos en el parque histórico sobre el Rió Panuco.

Abajo se ve una selección de las fotos con explicaciones. Otras fotos se encuentran solamente con el texto francés por lo que no necesitan más palabras.

Para ampliar las fotos, hace un clic sobre las imágenes.






Imagen - II -
No pude acceder a la reserva de la biosfera Sierra del Abra-Tanchipas en el estado de San Luís Potosí, a cosa que la carretera se pareció terminar en Los Olímpicos. Pues, tenia que regresar a Celaya et dar un gran rodeo por Antiguo Morelos, Ciudad Valles y Tamuín.

Las dos fotos siguientes muestran la dificultad de orientarse en la región de Celaya a Los Olímpicos, y la tercera, la belleza del paisaje en Los Olímpicos.








Imagen -III -










Imagen -IV -







Imagen - V -
Arriba se puede ver el río verde que encontré al fin de la carretera en Los Olímpicos, y un Martín-pescador Collarejo como los dos que estaban casando en el río.






Imagen - VI -
Cerca de Antiguo Morelos, hay una gran planta de calcáreo y de pedregullo que produce mucho polvo blanco. Los árboles en el alrededor de la planta son casi blancos. Se ve mi coche en la foto izquierda.







Imagen - VII -
En Panuco, Veracruz, hay un parque en la orilla del Río Panuco, a 30 metros del Hotel San Javier donde había pasado la noche. Se ve una batería de cañones, y dos sirenas muy elegantes.

Más fotos e historias en el texto original. Gracias por su indulgencia.

Episodio proximo:
Fase 5 : Tecolutla y Orizaba, desde el Golfo hacia la cumbre de México


1 commentaire:

Unknown a dit…

realmente un tour completo.... muy interesante