mardi 30 décembre 2008

Québec-Ventanilla (Oaxaca, Mexique) 2008 – Phase 4

Phase 4 : un cul-de-sac...
et un grand détour jusqu’à Panuco


¡Nuevo! Un resumen en español se encuentra al fin del artículo.
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I - Voilier d'ibis blancs au Tamaulipas; un adulte et des juvéniles
© 2008 Paul Germain

Même sédentaires, les oiseaux – sauf exceptions – voyagent par voie aérienne. Ils sont les voyageurs par excellence. Légers et gracieux. Vous les enviez si votre cœur est resté jeune. Vous êtes toujours en voyage si votre regard les suit jusqu’aux horizons bleus ou verts. Et aussi dans les nuages empourprés de l’aube et du crépuscule.

Mercredi, 19 nov.
Onzième jour. Je me lève tôt. À 5h20 il fait encore nuit et froid (6°C). Au lever du soleil, le moucherolle phébi chante à qui mieux mieux. J’ai le goût des réserves écologiques. Je lève mon camp de chez Guadalupe dans les contreforts du ciel. Dans mon guide routier, je vise La Reserva de la biosfera Sierra del Abra-Tanchipas.

En redescendant par Gomez Farias, j’arrête au Palacio Municipal pour saluer le policier Osiel Reyes et faire les arrangements pour qu’il puisse recevoir le portrait qu’il m’a demandé de lui-même (photo dans le précédent épisode). Lorsque vous prenez ainsi contact avec votre prochain, même si les chances de vous retrouver sur la planète paraissent nulles, il est dans votre nature profonde de tenir parole, d’agir comme si votre bonheur et le sien dépendaient de la fraternité et de l’humanité de vos gestes en cet instant. Vous ressentez cette fraternité, vous n’y croyez pas.

Enthousiasmé par la réserve El Cielo, je me dirige vers la suivante, dans la Sierra del Abra-Tanchipas à peine 70 km plus au sud, dans l’état voisin de San Luís Potosi. À cause de son nom et du relief général, j’imagine une haute montagne. Je souhaite simplement la traverser par la route et la brecha qui relie (voir la carte ci-dessous) les hameaux de Celaya et Los Olímpicos à la petite ville de Tamuin, plus au sud. Je m’arrêterai à l’occasion pour faire des observations et des photos. Puis de Tamuin, je me dirigerai vers Ebano, Panuco, et Tuxpan sur la côte du Golfe… éventuellement Tecolutla.

Sur le terrain, aucune balise n’identifie mon itinéraire depuis Celaya vers la réserve. Même le hameau de Los Olímpicos situé à la limite nord de la réserve n’est pas annoncé sur la route – Étrange, j’arrive du Ciel et je cherche l’Olympe !…. Un paysan m’aide à m’y retrouver, tout en affirmant que ce n’est pas une route pour les voitures, et que je n’irai pas loin. Ce n’est pas mon intérêt de le croire. Je m’enfonce dans ce bled agraire qui longe le piedmont de la Sierra Cucharas, en négociant constamment ma place à travers les crevasses innombrables du vieux macadam. Puis le macadam cesse et la route de terre, primitive, est néanmoins beaucoup plus carrossable.



II - Itinéraire vers la réserve de la biosphère puis demi-tour et détour par Ciudad Valles et Tamuin. Cible manquée!

Plus j’avance, et plus je me demande si la réserve est en hauteur ou sur le plancher des vaches, car la route s’éloigne lentement de la Sierra. Ces montagnes ne sont d’ailleurs pas très hautes, affichant un profil très doux, en pente régulière. Un groupe d’oiseaux aquatiques prend son envol tout au bord de la route. Je m’arrête et observe une vingtaine d’ ibis blancs au bec et aux pattes rouge vif, et avec eux une grande aigrette. Je les photographie à leur nouvel envol (photo plus haut). Puis deux buses à gros bec se mettent à siffler et à voler de perchoir en perchoir. Cinq grandes cigognes, plus exactement des Tantales d’Amérique, étendent leurs ailes blanc et noir contre l’azur. J’ai l’impression d’approcher un sanctuaire d’oiseaux dans ces basses terres. Cela me semble de bon augure, et de plus en plus j’imagine la réserve comme un lieu de marécages et d’étangs fourmillant d’oiseaux fébriles, entourés d’une végétation arbustive…


III - Derrière et devant - Mais où est donc la Réserve? Et Los Olímpicos?
© 2008 Paul Germain


Puis j’arrive à un carrefour en croix sans aucune indication. Le soleil est maintenant haut car il est 10h30, et le paysage a l’allure d’un film western. J’arrête ma voiture en plein carrefour et sors faire quelques photos en attendant que quelqu’un arrive en ces lieux déserts pour m’orienter. À mon signe, un pépère arrête son auto et m’indique où se trouve Los Olímpicos, tout en m’affirmant que la route ne va pas plus loin. La réserve de la biosphère semble inconnue de tous. Il m’indique comment me rendre à Tamuin par de grands détours, tout en répétant qu’il est impossible d’y aller en passant par Los Olímpicos. Évidemment, mon intérêt m’incline à me fier à la carte plutôt qu’au gentil monsieur.

(Mais c’est le monsieur qui avait raison.)


IV - la Sierra del Abra-Tanchipas au sud-est des pâturages de l’Olympe… (Los Olímpicos)
© 2008 Paul Germain


Je traverse le hameau très bucolique de Los Olímpicos, pour arriver à un cul-de-sac au bord d’un ruisseau vert bordé de gros arbres. Un couple de Martin-pêcheurs à ventre roux y tient résidence, et une Buse à gros bec adulte joue à cache cache avec moi derrière les branches basses des acacias, tout en me défiant de son sifflement nasillard. Puis je décide de camper là pour une heure, le temps de manger un peu et de faire sécher mes sacs de couchage ramassés rapidement ce matin. Tout près, dans la chaleur lumineuse de midi, chassent deux échassiers : l’Aigrette tricolore et le Grand Héron.


V - Le cul-de-sac verdoyant de l'Olympe (!) et les martin-pêcheurs à ventre roux (note: les oiseaux ont été photographiés à Ventanilla
© 2008 Paul Germain

Mais de la réserve de la biosphère, pas le moindre indice, ni le moindre accès.

Je décide de rebrousser chemin, malgré la pénibilité de cette mauvaise route jusqu’à Celaya. De là, je me dirigerai vers Ciudad Valles, toujours dans l’état de San Luís Potosi, et je m’arrêterai dans un poste Internet afin de traiter mes courriels.

Dernière étape au Tamaulipas, je m’arrête près de Antiguo Morelos afin de faire quelques photos aux carrières de chaux et de gravier. La poussière blanche qui émane des concasseurs et des transbordeurs envahit le ciel et la forêt environnante, créant un effet surréaliste.



VI - Féérie de l'industrie de la chaux et du gravier au Tamaulipas
© 2008 Paul Germain


Plus tard, passant par Tamuin, je cherche une enseigne ou une balise informant sur la présence et la direction de la réserve de la biosphère, maintenant plus au nord. Rien. Rien non plus au sujet du village El Palmito situé dans la réserve du côté de Tamuin. Absolument rien. Dommage, car plus la réserve me paraît inconnue et oubliée, plus elle m’attire…

Je continue donc sur Ebano, dernière ville dans l’est de l’état de San Luís Potosi. Puis j’entre dans l’état voisin du Veracruz, et en fin d’après-midi, j’arrive dans la ville de Panuco, où je m’arrête à l’hôtel San Javier. L’établissement est vieillot, très simple, spacieux, très propre et pas cher du tout (13 $CAN, avec salle de bain privée).

La ville est extrêmement bruyante, et ma chambre reçoit tout ce bruit, même à l’heure tardive où je dois absolument me coucher. Contraste avec la montagne… Mais c’est tolérable. Simple question de disposition intérieure. Votre âme est en paix. Votre cœur est rempli de joie.


Jeudi, 20 nov.
Dès les 7 heures, je sors de l’hôtel pour explorer le petit parc voisin, qui borde aussi la rivière, Río Panuco. C’est ici un site historique. Les remparts qui longent la rivière, sont parsemés de lourdes pièces d’artillerie pointant vers l’autre rive. Le Río n’a rien du Grand Fleuve, mais la mise en scène touristique vous fait penser aux remparts de Québec avec ses noirs canons frappés d’un éternel mutisme !

Cependant, tout ici se prête à plus de douceur. Vous cédez à l’enjôlement des lumières matinales qui glissent sur l’eau, les rochers, les murs et les formes évocatrices des sirènes. Vous vous sentez caressé par tout ce qui vient en contact avec vos sens. Vous ne ressentez aucun besoin de splendeur et de majesté. Votre joie est simple et naïve.



VII - Muets symboles de rêves humains planant sur le Río Panuco - Panuco, Veracruz
© 2008 Paul Germain


Vous pourriez passer là toute la journée, à regarder simplement les mouvements de l’eau et des ombres, des oiseaux et des passants, des fleurs dans la brise. Vous vous amuseriez de tous les artifices et couleurs dont les notables de la ville ont cru devoir parer les monuments, les grilles, les édifices et autres structures à la mémoire d’un passé présenté comme glorieux bien que violent et abusif. Et à travers ça, le façonnement d’une civilisation…

Mais votre priorité est ailleurs. Après une vingtaine de minutes, vous sautez sur votre brave rossinante, et prenez le galop vers votre destin personnel.

La région entre Panuco et la grande ville côtière de Tampico semble un vaste marécage de 40 km de large. Elle est sillonnée de cours d’eau et parsemée de lagunes, et les oiseaux aquatiques de toutes espèces sont par milliers occupant toutes les niches possibles, pour se nourrir, se quereller et se reposer. Au printemps peut-être feront-ils l’amour. Ils n’y pensent pas. Ce sera bientôt l’hiver. Un hiver de soleil, d’eaux tièdes et de crevettes savoureuses.













VIII - Panuco, pays de soleil et d'eau, de verdure et d'oiseaux. Aussi terroir agraire et de la Vraie Croix © 2008 Paul Germain

C’est le Veracruz. Le nom signifie la Vraie Croix. What’s in a name? Je m’en fous, à tort ou à raison. Ce que je vois me suffit. Le pays regorge de soleil et d’eau, et donc de verdure et d’oiseaux. Il vous semble que vous parcourez le pays le plus riche du monde. Vous vous sentez vous-même le plus riche. Sans rien posséder.

Je file à travers des routes sinueuses et collinaires vers la ville de Poza Rica, où j’espère visiter demain les ruines totonaques de El Tajín. Mille ans de civilisation au premier millénaire… (circa 200 ap. J.-C. – 1,200).

En cours de route, la nationale est bloquée. Profitant de quelques avancées hésitantes, je me faufile jusqu’au devant de la file de véhicules en attente. Tout devient clair. C’est le 20 novembre, fête de la Révolution mexicaine (1910 – ne pas confondre avec l’Indépendance mexicaine, 1821). Au milieu de la route, des manifestations populaires appuyées par la police et les autorités politiques : on marche à la militaire, on tambourine, mais aussi, on s’arrête, on rit, on danse au rythme de musiques plus ou moins improvisées. Ce sont surtout des jeunes écoliers. C’est vraiment une manière de prendre possession du pays en disant aux voyageurs et commerçants : La route et tout ce qui la borde nous appartiennent, voyez comme nous sommes beaux et vivants, prenez patience si cela ne vous plaît pas!

C’est du moins l’histoire que je me suis racontée. Et cela m’a plu.

Prochain épisode :
Phase 5 : Tecolutla et Orizaba, du Golfe au sommet du Mexique



Resumen por los amigos que hablan español

En este artículo – original en francés – se trata de la fase 4 de mi viaje de Québec, Canadá, a Ventanilla, Oaxaca, México. Por eso viaje, maneje solo en mi coche un total de más que 7000 kilómetros en tres semanas.

En la fase 4 partí de la reserva de la biosfera El Cielo en Tamaulipas, miércoles el 19 de Noviembre de 2008. Llegué en Panuco, Veracruz al fin del día. En la mañana del jueves 20 de noviembre, partí hacia la costa del Golfo, después haber hecho unas fotos en el parque histórico sobre el Rió Panuco.

Abajo se ve una selección de las fotos con explicaciones. Otras fotos se encuentran solamente con el texto francés por lo que no necesitan más palabras.

Para ampliar las fotos, hace un clic sobre las imágenes.






Imagen - II -
No pude acceder a la reserva de la biosfera Sierra del Abra-Tanchipas en el estado de San Luís Potosí, a cosa que la carretera se pareció terminar en Los Olímpicos. Pues, tenia que regresar a Celaya et dar un gran rodeo por Antiguo Morelos, Ciudad Valles y Tamuín.

Las dos fotos siguientes muestran la dificultad de orientarse en la región de Celaya a Los Olímpicos, y la tercera, la belleza del paisaje en Los Olímpicos.








Imagen -III -










Imagen -IV -







Imagen - V -
Arriba se puede ver el río verde que encontré al fin de la carretera en Los Olímpicos, y un Martín-pescador Collarejo como los dos que estaban casando en el río.






Imagen - VI -
Cerca de Antiguo Morelos, hay una gran planta de calcáreo y de pedregullo que produce mucho polvo blanco. Los árboles en el alrededor de la planta son casi blancos. Se ve mi coche en la foto izquierda.







Imagen - VII -
En Panuco, Veracruz, hay un parque en la orilla del Río Panuco, a 30 metros del Hotel San Javier donde había pasado la noche. Se ve una batería de cañones, y dos sirenas muy elegantes.

Más fotos e historias en el texto original. Gracias por su indulgencia.

Episodio proximo:
Fase 5 : Tecolutla y Orizaba, desde el Golfo hacia la cumbre de México


mardi 23 décembre 2008

Québec-Ventanilla (Oaxaca, Mexique) 2008 – Phase 3

Phase 3 : trois fois la frontière et puis...
... El Cielo!

J’ai raconté l’aventure de la frontière dans un courriel collectif envoyé le dimanche 16 novembre. Je reprends ici le texte avec quelques mises à jour. J’omets l’épisode de la connexion Internet qui n’a pas marché: trop de mots et pas d’images. En effet, je n’ai pris aucune photo entre mon départ du Falcon Lake State Park et mon départ de San Fernando (Mexique) deux jours plus tard.

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(Je cite mon courriel du 16 novembre.)
Huitième jour de mon voyage. Et je viens tout juste d’entrer au Mexique, légalement.

Car hier, 15 novembre, je suis entré illégalement, par erreur. Ce fut le début de 24 heures de déplaisirs. Il en faut bien, paraît-il, pour continuer à savourer les vrais plaisirs.

Mais le tout est passé. Je viens de m’installer confortablement, et pour la première fois, dans un petit hôtel, dans la petite ville de San Fernando, état du Tamaulipas, Mexique. Ainsi je puis écrire et correspondre grâce à tous les services fournis avec la chambre, dont le WIFI (Internet sans fil). Et ça marche très bien.



I - Corridor et jardin à l'Hôtel La Herradura (Le Fer à Cheval) à San Fernando, Tamaulipas
© 2008 Paul Germain


Donc hier, en partant du camping du Lake Falcon State Park au Texas (où j’ai fait une bonne randonnée ornithologique), je me suis dirigé en vitesse jusqu’à Brownsville pour passer la frontière mexicaine à Matamoros, Tamaulipas.

J’ai dû subir un choc culturel à mon insu, car j’ai multiplié les erreurs. Le choc fut sans doute causé par l’énorme différence entre les signalisations mexicaine et américaine.

Ma première erreur fut de ne pas savoir décoder les instructions (peu explicites) en passant les douanes mexicaines. Je vous fais grâce des détails et explications. Je me suis retrouvé dans le flot des voitures qui passent sans contrôle pour une visite de courte durée à Matamoros. (Ces voitures ne peuvent aller loin, et elles seront fouillées à leur rentrée aux USA.). Puis me voilà lâché dans la circulation très dense de la ville, sans les permis et autorisations nécessaires pour mon séjour prolongé. J’y ai de plus complètement perdu ma route.

Hablando espanol je me suis enfin retrouvé sur la route de Ciudad Victoria, la bonne direction pour suivre mon itinéraire approximatif (je n’ai pas de plan précis pour le Mexique, comme j’en avais pour les USA). Je me réjouissais d’être enfin au Mexique, mais j’avais une inquiétude concernant mon passage à la sauvette de la frontière. Je me disais que j’allais régulariser tout cela bientôt dans un poste douanier, en expliquant mon erreur de Matamoros. Le soleil allait se coucher dans une heure, et j’étais pressé de trouver un endroit ou dormir en sécurité.

Justement! Mais non, pas une auberge, mais un contrôle douanier devant moi, une vingtaine de Kms après la frontière. Stop.

Le douanier : El permiso por el vehiculo? – Euh… je lui présente mes papiers du Québec… mais ça ne passe pas. Et ça devient sérieux. Il m’explique qu’il fallait absolument obtenir le permis d’importation temporaire du véhicule à la frontière, à Matamoros. Aucun autre recours que d’y retourner. Mmmm…!

Demi-tour. Comme la nuit va tomber bien vite, je décide de rentrer passer la nuit au Texas, dans un camping de Brownsville dont j’ai toutes les coordonnées.

Si traverser au Mexique est trop facile, revenir aux USA est autre chose. Tous les véhicules sont inspectés. Donc, ce samedi soir, j’ai fait la queue, pare choc à pare choc pendant deux heures avant de me faire fouiller (gentiment, il faut dire).

Ensuite, mon ange gardien (hem…) m’a conduit en pleine nuit jusqu’au camping dont la réception était fermée. Mais l’ange m’a fait trouver la gérante qui m’a accueilli. J’ai planté ma tente dans l’herbe, chauffé mon repas et mangé tandis que la température chutait anormalement. Alors que deux jours auparavant, il faisait 30 degrés (15 la nuit), cette nuit là (hier) il a fait 6 degrés seulement. Je n’ai pas eu froid, car… je me suis emmitouflé dans mes deux sacs de couchages, le tropical fourré dans le nordique!
[…]

Ce matin, 16 novembre, avant de partir de Brownsville, j’avais plusieurs choses à faire et régler, ce qui m’a pris la matinée.

Je retraversai la frontière au milieu de l’après-midi. Tout s’est bien passé pour le permis d’importation temporaire du véhicule, en une heure à peine (!). Alors, j’ai allumé toutes mes bougies, et j’ai traversé la ville de Matamoros comme un habitué.

Roulant maintenant tout à fait relax en direction sud, je me retrouvai au poste douanier du Km 20 à la même heure exactement que le jour précédant.

L’agent de douane qui m’avait refoulé hier m’a reconnu, et voyant l’autocollant officiel dans mon pare-brise, il m’a félicité. Ils sont vraiment gentils les mexicains. Vraiment, c’est pas une farce. Je les aime bien.

Notez que je pourrais interpréter ses félicitations comme s’il s’était payé ma gueule. On peut toujours assombrir sa propre existence. Mais encore, il aurait raison de rire de moi, et je pourrais bien rire avec lui. J’avais quand même fait une grosse bêtise, et plus d’une petite…!!

Une trentaine de kilomètres plus loin, j’arrivai dans la petite ville de San Fernando. La police locale m’a recommandé le petit hôtel (photo plus haut) où je vais passer la première nuit mexicaine de ce voyage. (Fin de la citation adaptée).

Lundi, 17 nov.
La montée au Ciel… un peu difficile!
Petite journée de moins de 300 Kms, mais bien pourvue en situations imprévues.

Faut dire que j’avais eu la chance de trouver dans mes premières minutes à Matamoros ce que j’avais cherché en vain à Québec : un album de cartes routières du Mexique. Arrêté dans la première station d’essence, je demandai pour une bonne carte routière détaillée. L’employé me dit qu’il n’en avait pas. Mais juste derrière lui, j’aperçu deux albums rouges présentant tous les signes recherchés. J’inspectai : il s’agissait bien du guide routier complet du Mexique en 40 cartes assez bien détaillées. J’achetai immédiatement l’outil rêvé.

Grâce à lui, je pouvais dorénavant me tracer un plan précis de voyage, choisir les endroits à visiter, les routes qui me convenaient le plus. Et grâce à lui, je me faisais de fausses idées sur le terrain que j’allais rencontrer, et j'allais chercher en vain des petites routes qui n’existaient pas!!

J’avais d’abord décidé de suivre le littoral du Golfe du Mexique. J’étais attiré par les oiseaux aquatiques. Mais à la réflexion, puisque j’allais vivre plus d’un an avec les oiseaux aquatiques, et quasi comme eux, j’optai pour l’intérieur, pour la montagne et sa diversité scénique et biologique extraordinaire.




Planche 23 de mon guide rouge (Guia Roji Mexico) : un gros massif de montagnes d’environ 1,500 Kms carrés est bordé d’un large trait vert. Je lis : Reserva de la Biosfera El Cielo. C’est à moins de 300 km de San Fernando. Entre là et là, la grande ville de Ciudad Victoria, que je pourrai contourner par le périphérique.



II– La Reserva de la Biosfera El Cielo, le village de Gómez Farias et le hameau inaccessible (?) de San José.
La carte montre deux villages au sommet du massif, dont San José auquel une petite route accède autant par l’est que par l’ouest. Et ce n’est pas loin de ma route principale (en rouge, la 85). Je me propose donc d’y aller passer la nuit, puis au moins toute la matinée suivante.

Le voyage se déroule comme prévu jusqu’à Guayalejo (en haut à droite sur la carte), où j’arrête un moment pour prendre des photos de la superbe rivière qu’enjambe la route (Rio Guayalejo). Dans une dérive de grandes crues, un automobiliste lave sa voiture garée dans le lit de la rivière. Environnementalistes : détournez votre regard !!





III - El Rio Guyalejo, vue de la route 85 à Guayalejo.
© 2008 Paul Germain



IV - Bain de voiture dans le lit de la rivière Guayalejo.
© 2008 Paul Germain

Puis approchant l’endroit où devrait se trouver le chemin de San José, je porte toute mon attention à la moindre sortie à droite, ainsi qu’au balises et panneaux. Je ne trouve pas. Je me renseigne. Des gens qui se disent familiers avec la région m’assurent que le seul moyen d’atteindre le Ciel (!), c’est par le village de Gomez Farias, un peu plus au sud et à droite. C’est tout de même consistant avec les panneaux routiers…



V - Être si près du Ciel, et ne pas savoir s'y rendre!!!
© 2008 Paul Germain

Vers les 16h j’arrive à Gómez Farias, dans les contreforts de la Sierra Madre Oriental. Tout m’apparaît ici organisé pour rendre le touriste le plus dépendant possible des services offerts : véhicules 4x4, guides, hôtels…etc. C’est pourtant un tout petit village où les informations touristiques, du moins en cette morte saison, sont à tirer au compte-goutte d’un gentil bonhomme qu’on a été chercher au fond de son garage. Il me dit d’abord qu’il est impossible pour mon véhicule de continuer la route vers la montagne, à cause des pierres du chemin. Je lui montre San José sur la carte, situé près du sommet des montagnes (2,320 m) et relié à la route 85 par un chemin carrossable en terre. C’est par là que j’avais l’intention d’arriver au Ciel mais je n’ai pas trouvé l’accès. Il n’existe peut-être pas. L’homme ne peut pas lire la carte. Pas question de rebrousser chemin.



VI - Porte de bienvenue à Gomez Farias El Cielo et détail du panneau
© 2008 Paul Germain


L’homme finit par me dire, en jaugeant de loin ma voiture, que je peux me rendre au hameau de Alta Cima, en montant une douzaine de km, mais pas plus loin.

Je reprends donc la route qui se transforme en une piste pierreuse, dégradée par l’érosion. À pas de tortue je fais là environ 2 km, jusqu’au chantier de construction de la future station écotouristique de la réserve. Quelque 200m plus loin, la piste devient si mauvaise que je me vois contraint de renoncer. Je crains de briser ma voiture, ou encore d’arriver à une passe impossible à traverser. À cette lenteur, je n’arriverais même pas avant la nuit!


VII - La route du Ciel: à gauche, comme une voie romaine, mais ça roule; à droite, la montée devient impossible pour une voiture ordinaire. © 2008 Paul Germain

Environ 150 m en aval du chantier, j’avais aperçu une modeste maison avec une pelouse. Je m’étais alors dit que ce serait un bon endroit pour planter ma tente, avec l’accord de l’habitant. J’y retourne donc, assez confiant. Je trouve le propriétaire et j’obtiens la permission avec toute la bienveillance possible.

Je plante là ma tente, tout au bord de la piste, quand une camionnette s’arrête. Un jeune homme très loquace en sort pour me parler. Il me propose ses services de guide, et toutes sortes de choses, et dans son enthousiasme, il me semble plutôt opportuniste et vorace, ne visant que « mon » argent. Il me demande 300 pesos pour me guider, sans savoir que je m’intéresse particulièrement aux oiseaux. Il finit par me le demander, et je lui révèle ma passion pour les oiseaux. Son enthousiasme fait un bond de plus, et nous nous entendons pour que je le cherche demain matin quand j’arriverai à Alta Cima, où il habite. Je ne lui promets rien, seulement que j’ai l’intention de marcher de mon camp de base jusqu’à Alta Cima, puis de demander pour lui. Après, nous verrons ce qui pourrait se faire.

À 18h, le soleil est déjà couché (mais ici, il n’y a jamais de coucher de soleil, car la haute montagne couvre tout l’horizon ouest), et l’air refroidit beaucoup, il fait déjà 12 degrés. Souper et dodo. Je me couche à peine passé 20 heures, et il fait 8 degrés.

Mardi, 18 nov.
J’ai bien dormi dans mon cocon fait de deux sacs de couchage. Je me lève à 6h40, après la nuit la plus longue et la plus silencieuse que je n’ai pas vécue depuis des lunes. Il ne fait que 6 ou 7 degrés, et une froide rosée perle ou dégouline partout. Déjeuner, bagages, mise en sécurité, mise à l’ombre, et préparatifs pour ma longue marche.

Il est déjà 9 heures et le soleil tape alors que je me mets en marche pour Alta Cima, et peut-être San José… L’inconnu devant moi.

La route est si dégradée que je me félicite d’avoir eu la prudence de ne pas continuer en voiture. Je marche pendant une heure et demi, cherchant les oiseaux et les papillons dans cette réserve de la biosphère. La faune ornithologique me paraît assez pauvre, et je compare cela à ma propre érablière… Est-ce la réalité, ou l’heure du jour, ou mon incompétence, ou la chaleur du soleil qui tape malgré la fraîcheur de l’air en altitude?



VIII - Deux des papillons photographiés en grimpant El Cielo. Celui de droite est connu sous le nom de Anna's Eighty-Eight.
© 2008 Paul Germain

Un seul véhicule depuis le matin : il descend sûrement de Alta Cima vers Gomez. Je me demande jusqu’où je pourrai me rendre ainsi avec mon pas très lent. J’entends venir un autre véhicule. Cette fois, il monte. C’est une camionnette blanche, 4x4, dont la cabine est chapeautée d’un jeu de phares giratoires bleus, blancs, et rouges. La police locale… Je l’arrête pour demander de monter dans la boîte. L’agent me dit : ¡Sube! Je m’asseois sur la structure de métal et pour près de 40 minutes, mes fesses, mon équipement et tout mon corps subissent un barattage assez violent tandis que le 4x4 grimpe lentement la montagne sur les cailloux.

Le policier est accompagné d’une femme dont le physique me rappelle les femmes du Veracruz. Quand nous nous arrêtons, c’est devant la petite école primaire de Alta Cima, car la femme en est la maîtresse responsable. Elle doit aussi être la maîtresse du policier, car, en aparte, il m’en parle brièvement comme étant très chaude. Il ajoute que si je voulais… Je décline la proposition, déclarant que je suis venu ici pour des oiseaux plus légers…




IX - Le policier qui m'a fait monter... néanmoins charmant
© 2008 Paul Germain

Néanmoins, ces deux personnes sont vraiment charmantes à mon endroit.

Je leur demande s’ils savent où trouver Esteban, le guide que je devais rencontrer en ce lieu d’altitude qui s’annonce comme El corazon del Cielo (le cœur du Ciel). Le policier n’en sait rien, mais la maîtresse (d’école) m’envoye à sa maison avec un de ses bambins pour m’y guider. Esteban était bien là, tout heureux que j’arrive au rendez-vous.



X - Panneau indicateur à Alta Cima, El corazon del Cielo – Le coeur du Ciel
© 2008 Paul Germain


Nous discutons à propos de ce qui conviendrait le mieux pour voir des oiseaux et retourner à mon camp avant la fin du jour. Il m’apprend qu’il existe une deuxième route pour redescendre à Gomez, que c’est là le meilleur sentier pour voir une variété d’oiseaux, qu’il est devenu impraticable en voiture à cause de l’érosion, et qu’il est deux fois plus court (environ 6 kms) et donc, abrupte. Par là nous pourrions nous rendre directement à ma voiture. L’affaire paraît bonne. Mais je me méfie encore de lui comme guide pour les oiseaux, je doute de sa compétence.

Reste à en fixer le prix. De 300 pesos demandés la veille, il diminue à 200 quand je lui fais penser au salaire journalier de ses voisins travailleurs au chantier de construction. Je lui offre 150 pesos, qu’il accepte après une légère hésitation. Es mejor que quedar aquí y hacer nada, lui dis-je. Je compte sur la saison morte… Il accepte et me demande une dizaine de minutes pour se préparer. Je m’amusai pendant ce temps à photographier le hameau et les enfants d’école, et la maîtresse aussi…



XI - À l'école primaire de Alta Cima
© 2008 Paul Germain

Nous partons enfin tous les deux, bien équipés. Dès les premières minutes, je suis très surpris et rassuré. L’homme de 31 ans s’avère d’une compétence professionnelle, avec un équipement moderne (détails et photo plus loin) pour faire chanter et approcher les oiseaux de toutes espèces, en plus de son habileté personnelle à en imiter les cris et les chants, et à faire toutes sortes de bruits pour les exciter et les attirer. Il connaît tous les noms anglais des oiseaux du Tamaulipas, bien que j’aie du mal à comprendre son accent. Il ne parle toutefois que l’espagnol, et quand il baragouine en anglais, je l’invite à me faciliter les choses en parlant sa langue maternelle. Vous vous sentez très vite à l’aise et même en amitié avec ce garçon passionné des oiseaux, et très compétent. Il vous est aussi très attentif, et d’un savoir vivre remarquable.



XII - Esteban Berrones Benítes, guide ornithologue à la Reserva de la Biosfera El Cielo, Tamaulipas, Mexique; un excellent guide!

Si la faune ornithologique m’avait paru assez pauvre ce matin, avec lui, tous les trésors ailés semblent se révéler comme par magie. Tous ses sens sont très éveillés. Aucun son ni aucune plume ne lui échappe. C’est passionnant et très dense comme expérience ornithologique.

Néanmoins, en descendant cette piste abrupte et caillouteuse, je dois aussi prêter beaucoup d’attention à mes pas pour ne pas rouler et tomber, ou me faire une entorse.

Mon ange a de nouveau bien travaillé
Et puis, chemin faisant, je me laisse aussi aller à quelques réflexions, notamment sur la séquence d’événements imprévus qui m’ont mené à cette randonnée ornithologique hors du commun.

D’abord, il y a deux jours, mon plan était plutôt d’explorer la côte du Golfe du Mexique en descendant vers le Veracruz. Mais la Sierra – chaîne de montagnes – m’a paru soudain plus invitante, plus riche en découvertes. Et ce n’est qu’à mon départ de San Fernando sur la route 101 allant vers Ciudad Victoria que je décidai d’y rester plutôt que de prendre la 180 vers la côte et la ville de Tampico. Pourtant le guide Lonely Planet ne dit absolument rien de la réserve El Cielo, ni de l’état du Tamaulipas – pas même mentionné. Mais les mots Reserva de la Biosfera sur mes cartes routières aiguisent mon appétit de naturaliste. Sans mon guide rouge acheté par chance à Matamoros, qui sait quelle aurait été ma route?

J’ai raconté plus haut comment, alors que je tentais d’approcher de la réserve, je me suis retrouvé à Gomez Farias, un peu malgré moi. Puis comment j’ai dû planter ma tente un peu plus loin, faute de pouvoir conduire ma voiture au sommet du Cielo. Enfin, comment le guide Esteban, descendu du Ciel, m’a alors repéré au passage alors qu’il y remontait en transport collectif. D’où le rendez-vous de ce matin, lequel cependant ne se serait pas matérialisé sans que le policier reconduise tardivement la maîtresse à la petite école de Alta Cima…

J’ai été comblé par la randonnée ornithologique de 4 heures, et par la compétence et la personnalité du guide. Je lui ai acheté son CD de chants des oiseaux les plus recherchés de la réserve El Cielo. Et puis… j’ai oublié mon marchandage et je lui ai donné les 200 pesos qu’il avait bien mérités.

La journée fut merveilleuse. Je garderai un souvenir mémorable de cette étape dans la Sierra Madre Oriental, en route vers la Sierra Madre del Sur.

Quelques détails techniques de l’excursion


Esteban était équipé d’un i-pod minuscule sur lequel il avait enregistré les chants et cris de plus de 700 espèces d’oiseaux.











XIII - Esteban fait jouer un chant d'oiseau pour faire se manifester un individu de même espèce.

© 2008 Paul Germain

À tout moment, le long de la piste qu’il connaissait comme le fond de sa poche, l’ayant explorée depuis 5 ans comme guide expert de la réserve, il sortait son petit machin qu’il connectait à un double haut-parleur stéréo très compact mais efficace pour cette fonction. Puis il sélectionnait dans le répertoire le nom de l’espèce voulue, et le chant enregistré était lancé dans l’air frais de la forêt. Presque toujours, l’oiseau recherché répondait, et le plus souvent, il s’approchait de sorte qu’on pouvait bien le voir. J’ai ainsi pu découvrir beaucoup d’espèces nouvelles pour moi, et de coloris fascinants. Mon guide lui-même n’avait de cesse de lancer des oh! et des wow! tellement ces oiseaux se présentaient bien. Et moi, j’appréciais son enthousiasme autant que sa compétence.

Voici la liste des oiseaux que nous avons observés (35+ espèces, dont 21 nouvelles* pour moi) :

Ara militaire*
Batara rayé*
Buse grise
Cardinal à collier*
Chevêchette cabouré*
Colin chanteur*
Colombe de Verreaux
Colombe inca
Crécerelle américaine
Faucon des chauves-souris*
Geai vert*
Grimpard à bec ivoire
Grimpard fauvette*
Grimpard moucheté*
Grive à tête noire*
Ortalide chacamel*
Paruline à calotte noire
Paruline à couronne dorée*
Paruline à croissant
Paruline à croupion jaune
Paruline à gorge noire
Paruline à sourcils dorés*
Phébi de l’est
Pic à ailes bronzées* (endémique au Tamaulipas)
Roitelet à couronne rubis
Solitaire à dos brun*
Sourciroux mélodieux*
Troglodyte à poitrine tachetée*
Troglodyte domestique
Trogon montagnard* (voir la photo ci-dessous)
Tyran de Couch*
Tyran olivâtre *
Urubu à tête rouge
Viréo à tête bleue
Viréo aux yeux blancs*


Fin d’après-midi, retour à mon camp de base. J’y dormirai une seconde nuit, afin de partir tôt le matin suivant. Je vise une deuxième réserve de la Biosphère, un peu plus au sud, avant de me diriger vers la côte du Golfe.



XIV - Tienda de artesanias, Gomez Farias - Trogons montagnards
© 2008 Paul Germain


Un couple de Trogons montagnards s’est brièvement montré à Esteban et moi dans les cimes de la forêt. Je n’ai pu les photographier en nature. Mais un artiste a peint ces oiseaux sur le mur d’une boutique au village.

Prochain épisode :
Phase 4 : un cul-de-sac et un grand détour jusqu’à Panuco, état du Veracruz



mercredi 17 décembre 2008

Mise à jour du 17 décembre 2008

BienvenueBienvenidos Welcome

Une fois par semaine, ou moins souvent, je publie dans ces pages textes et photos sur des sujets variés. Mais tout se rapporte à ma vie au Mexique. La semaine dernière, j’ai publié le récit de la phase 1 de mon voyage en automobile de Québec à Ventanilla, Oaxaca, Mexique. Aujourd’hui, je raconte la phase 2. Logique ! Le voyage de trois semaines sera ainsi couvert en quelques épisodes.

Vous n’avez pas le temps de me lire ? Parcourez les photos en quelques instants !!
¿No tienes tiempo de leerme? O tal vez ¿el idioma francés es un poco difícil? Mira las fotos: dicen el más interesante.
You can’t read my stories in French? Just browse through the photos. They will tell you the most interesting.


Comme la structure de ce blogue contient les trois messages les plus récents dans la première page, en commençant par le plus récent, vous pourrez y trouver deux ou trois phases du voyage sans aller dans les archives du blogue.

Il est aussi très simple de consulter les archives.

Archives du blogue.
Tous les anciens textes et photos sont accessibles par un simple clic dans la colonne de droite, sous la rubrique Archive de blog. Fais dérouler le menu par périodes mensuelles : les titres apparaîtront s'il y en a plus d'un pour le mois. Le mécanisme n'est pas parfait. Il vous faudra probablement retrouver le menu des archives une fois déroulé. Au même endroit, évidemment, mais la page d'accueil s'actualise par le haut.

Pour revenir à la première page, cliquer sur accueil au bas de la colonne de gauche.La première page de ce blogue, colonne de gauche, contient toujours les trois messages les plus récents, dont celui-ci, mis à jour selon les changements introduits.

Bientôt, au moyen d’une liste de libellés, ou mots clés, il te sera possible de trouver rapidement tous les messages qui se rapportent à tel ou tel sujet.
Québec – Ventanilla

(Oaxaca, Mexique) 2008_phase 2


Phase 2 : ralentissement et explorations au Texas

De la Géorgie à la frontière du Mexique au Texas, je roulai plus vite que jamais. Ma vitesse de croisière était le plus souvent de 140 km/h, avec des pointes à 160. Les autoroutes sont faites pour cela, même si la loi fixe la limite à 110, parfois à 120.

Le ralentissement s’est produit non pas sur les routes, mais en prolongeant les séjours à mon arrivée au Texas. Là, sites de camping et faune ornithologique m’ont retenu deux jours de plus que prévu. Pour mon plus grand plaisir.

Mercredi, 12 nov.
Dernière journée au long cours : 824 km. Je quittai tôt mon camping enchanteur de Géorgie pour traverser à toute allure l’Alabama et le Mississipi. Changement de fuseau horaire, j’ai reculé mes horloges. J’arrivai en après-midi dans les environs de LaFayette, Louisiane, où j’avais localisé par Internet un terrain de camping KOA.

Horreur! Parmi des centaines de sites pour véhicules récréatifs (RV) s’étendant sur une plaine immense, les quelques sites pour tente se trouvent à 100m du speedway où vrombissent 24h/24 une infinité de camions remorques et doubles remorques roulant à 130km/h. Infernal ! Il a plu pendant la journée, et les sites sont inhospitaliers et trempés, bien qu’en béton et terre battue.




I - Interstate 10, Fannett, Texas (un clic sur image pour agrandir)
© Paul Germain
J’avais déjà payé ma nuit (29$ US, quand même!), mais j’estimai inutile de souffrir tout cela pour sauver quelques dollars. Je retournai à l’accueil pour dire que je changeais d’idée, désirant une cabine. Avec trois mots d’explication, j’obtins miraculeusement la compassion de la propriétaire, et elle m’offrit la cabine... sans aucun supplément. Échange de paroles et sourires, j’ajoutai que je me souviendrais d’elle. Ouais, dût-elle penser, un passant qui fuit le bruit…

Dix minutes plus tard, je retrouvai la dame et lui offris un flacon de sirop d’érable du Québec. Pas que des paroles…

En soirée, je rédigeai et envoyai mon premier courriel collectif depuis mon départ :
« En grande forme, je suis arrivé à Lafayette, en Louisiane.
J’ai roulé 3,300 km en 4 jours.
J’écris de ma cabine du camping KOA, où j’ai accès à Internet sans fil.[…]
Aujourd’hui, j’ai traversé l’Alabama et le Mississipi à 140 km/h, presque sans ralentissement. Cela me tient alerte et augmente ainsi ma sécurité. Cela m’amuse aussi, car autrement, c’est pas trop intéressant. Et je sauve du temps pour des pauses et le campement.
»

Et à nouveau, j’étudiai longuement mon itinéraire et fit quelques changements afin d’explorer au Texas les lacs Texana et Falcon, ce qui allait augmenter passablement le kilométrage. Mais à chaque jour je n’allais pas dépasser 500 km, soit un peu plus de 4 heures de route.


Jeudi, 13 nov.
Le matin, je m’assurai par téléphone (Skype, sur mon portable) que les State Parks du Lac Texana et du Falcon Lake pourraient m’accueillir. Aucun problème. Je terminai mes courriels individuels à 11h, et je parti 30 minutes plus tard.

À nouveau dans la jungle délirante des camions, des RV et UV, et de tout ce qu’il y a de plus gros comme flotte sur macadam! Les voitures de la dimension de l’AVEO sont ici très rares. Le gigantisme et l’obésité sont la règle. Comme une souris, je me faufile et file au travers de cette horde effrénée.

Deux heures après avoir quitté LaFayette, j’arrivai au centre névralgique du Texas, le point de mire terrestre de l’astronautique.

Une vue aussi splendide qu’inattendue se présente à vous alors que vous roulez à 140 sur un speedway à 10 voies (US-59 S, à la sortie de Interstate-10) : Downtown HOUSTON apparaît subitement comme un miracle de beauté architecturale après avoir roulé des centaines de km dans la médiocrité ou pire. Un ensemble d’édifices gris-rose s’élève du centre ville comme une haute montagne escarpée. On dirait le tout conçu pour présenter un aspect des plus harmonieux, sobre et somptueux à la fois. On dirait une cime de granit rose sculptée par le vent et la pluie. Mais non, ce serait surtout le travail incessant du chaud soleil et de la froide obscurité qui casse les falaises rocheuses des pays chauds, comme le font gel et dégel des latitudes plus froides. Mais le tout est humanisé : plus lisse et symétrique, avec des milliers et des milliers de fenêtres…

C’est superbe! Dommage qu’à cette vitesse, sur cette route invraisemblablement large et couverte de véhicules comme des essaims de guêpes sauvages, il me soit impossible de prendre des photos. Et puis, après tout, c’est peut-être une tour de Babel moderne…?

Une heure avant le coucher du soleil, j’arrivai au camping du Lake Texana State Park. Excellent choix. Aucun bruit, temps doux malgré une brise de l’est qui bruine un peu.

Après mon installation et mon souper, il fait nuit. Dans l’obscurité tout près, des bruits insolites, des petits cris et grognements, et dans le faisceau de ma lampe frontale, sept ou huit paires de petits yeux dorés brillent ici et là, bougeant parfois, me fixant à d’autres moments. Ils sont gourmands, ratoureux, chicaniers, curieux et effrontés. Obèses en plus!

Je m’explique pourquoi une partie de mon repas s’est envolé pendant les minutes où je m’étais éloigné pour un oiseau inconnu. Maintenant, ils cherchent partout les restes de mon souper. Jusque sur le toit de ma voiture où il s’acharnent à grimper en y laissant partout leurs pistes boueuses. Quel gâchis! Mais enfin, c’est plus drôle que tragique…
Ah oui! Vous avez identifié le Raton laveur, en clone, bien sûr.


II - Cerfs de Virginie, Lake Texana State Park, Texas
© Paul Germain

Avant de me faufiler dans mes sacs de couchage sous le toit très bas de ma légère tente, je me dirige naturellement à la salle de bain. Le site est presque désert. Mais à une vingtaine de mètres des toilettes, un groupe de cerfs s’est rassemblé pour la nuit. Ils se reposent et ruminent. Je retourne chercher mon appareil, mon vieux petit Fuji, car je ne sais pas encore utiliser mon nouveau Canon EOS 40D. À mon approche, les cerfs se déplacent tranquillement, se souciant plus ou moins de moi. Avec le flash, je finis par réussir quelques photos un peu floues, ce qui n’est pas évident avec la distance et le téléobjectif, car je suis photographe de jour.


III - Douceur des bêtes végétariennes. Lake Texana (un clic sur image pour agrandir)
© Paul Germain


Pendant la nuit, je me suis réveillé pour entendre distinctement des hiboux : la Chouette rayée (parfois on dirait une femme qu’on étrangle) et le Grand Duc. Ce dernier hulule avec sa voix basse, tout en dignité… Au Lac Texana, la faune est très présente.


Vendredi, 14 nov.
Petit matin ornithologique au Lac Texana, Texas


La pleine lune a commencé son déclin.

Un voilier d’une trentaine de bernaches se dirige au sud-ouest. Nos bernaches du Québec passent-elles l’hiver au Mexique? Une population de Branta canadensis hiverne au nord du pays, mais elle n’atteint pas le Oaxaca. Plus tard, c’est un voilier de 35 Oies des neiges qui suit la même direction. Elles ont le même patron de migration vers le sud que les premières. Et ma foi, je les imite en les dépassant éventuellement.


IV - Lac Texana, Texas – Chênes aquatiques – Un Urubu prend son envol (un clic sur image pour agrandir)
© Paul Germain


Un chant strident fend l’air à répétition. Comme en avril au Québec, je reconnais le Moucherolle phébi. C’est bien lui, là sur les branches basses du chêne aquatique. Je ne savais pas qu’il chantait hors de la saison de reproduction, durant le mois des morts…

Un Cardinal rouge siffle son chant métallique. Bientôt j’aperçois le couple. La femelle est plus belle à mes yeux, car son plumage est nuancé de brun, fauve et rougeâtre. Et, à l’égal du mâle, lui rouge macho, elle porte le masque noir et la huppe de majesté.


V - Cardinal rouge femelle – sobre élégance (Oaxaca, Mexique)
© Paul Germain



À travers une quinzaine d’espèces familières, Pluvier kildir, Chevalier grivelé, Geai bleu, Martin-pêcheur, etc., j’ai pu identifier une espèce nouvelle pour moi : le Troglodyte de Caroline. Sans son chant insistant, je ne l’aurais pas repéré.


VI - Envol du Faucon émerillon
© Paul Germain


Un Faucon émerillon femelle vient se percher dans la cime d’un arbre. Je l’approche et j’attends longtemps qu’il prenne son envol pour fixer cet instant dynamique.

Comme c’est agréable de se retrouver comme au printemps, à la mi-novembre!


Rencontre d’un Cardinal du 3e type

Je décampai et quittai le Lac Texana au milieu de la matinée.


VII - Interminable plaine du Texas, plus de ciel que de terre
© Paul Germain
Comme seul en plein ciel, à 140-160 km/h, j’ai plus l’impression de piloter un Cessna que de rouler sur ces interminables plaines du Texas. Vers 13h, je coupe les gaz pour atterrir dans une minable aire de repos à l’abandon sur cette route déserte (US-59, vers Laredo).







VIII - Cardinal pyrrholoxia mâle en son habitat
© Paul Germain

Ici, tout est dégradé, même la végétation. Mais dans les broussailles j’entends des cris d’oiseau inusités pour moi. J’exulte à la découverte d’un Cardinal pyrrhuloxia, tout près, mais difficile à photographier au travers des rameaux et feuilles. Tandis que je le chasse avec précautions, le voilà qui vole et se pose sur le miroir externe de ma voiture. Il connaît cette technologie, de toute évidence. Mais je demeure surpris! Pendant l’heure de ma pause, maintes fois il a recommencé son manège : de toute part il explore les miroirs extérieurs, s’y mire, et se met à combattre son congénère compétiteur. Il connaît, mais ne semble pas comprendre… Son jeu l’accapare au point où je puis l’approcher à moins de 2m, ou encore, être assis dans ma voiture, sans qu’il n’en soit gêné. Cliquez une fois sur l'image pour l'agrandir.



Après cette fabuleuse rencontre, je repris ma route pour arriver en peu de temps à Laredo, Texas, à la frontière du Mexique. Je longeai la frontière du côté USA jusqu’à ma destination du jour : Falcon Lake State Park.

Le lac est un réservoir d’eau douce international. L’État du Texas y a aménagé un grand parc dédié à l’environnement, au tourisme écologique (hem! Avec des tonnes de RV et de yatchs…), et à l’observation des oiseaux. J’y plantai ma mini tente juste avant le coucher du soleil. Le parc était peu occupé en cette saison morte. Quelques bateaux revenaient de la pêche ou de croisière tous projecteurs allumés, la lune ne leur suffisant pas. Faut dire qu’ils devaient hisser leur lourd engin sur leur remorque nautique au moyen d’une rampe bien aménagée à cette fin. Le tout était tracté par leurs camions qui avaient les proportions voulues… Quelle est l’empreinte écologique de ces vacanciers sur la planète?


X - Falcon Lake State Park - Marais aux abords du lac (un clic sur image pour agrandir)
© Paul Germain


Samedi, 15 nov.
C’est le 7e jour de mon voyage. Un front froid s’est abattu du NE sur toute la région. Il fait à peine 15 degrés au petit matin, et à midi, il ne fera que 20 – contraste avec les 30 degrés d’hier. Les perturbations météo affectent toute la planète. Comme les exactions des politiciens. Dans les toilettes du parc, un seul graffiti lisible : Bush is a criminal.

C’est allégrement que je parcourai un sentier écologique du parc Falcon Lake à travers une végétation basse et semi-aride où abondent les épineux et les cactus. Parmi la trentaine d’espèces observées par moi dans le parc, il en eut quelques nouvelles (pour moi) :
Le Grand Géocoucou
La Buse de Harris
Le Troglodyte des cactus
Le Pic à front doré


XI - Pic à front doré - Nature Trail - Watch for snakes – Falcon State Park, Texas (un clic sur image pour agrandir)
© Paul Germain


Deux grands rapaces sillonnaient le ciel, menaçant la petite faune : le Caracara huppé, et le Balbuzard pêcheur. Non moins menaçants pour les poissons et les crevettes malgré leur apparence plus sympathique : le Pélican blanc, le Grand Héron et la Grande Aigrette. Et quant à souligner le contraste en l’apparence et la réalité, je mentionne l’adorable petit Moucherolle vermillion, si mignon dans sa livrée noire et écarlate. Il sème la mort parmi les insectes volants.



XII - Moucherolle vermillon (Oaxaca, Mexique)
© Paul Germain



À ma sortie du parc en début d’après-midi, je me trouvai à 200 km seulement de Brownsville, Texas, à l’extrémité est du continent, juste à la frontière du Mexique et au bord du Golfe du même nom. J’avais l’intention de traverser la frontière pour enfin aller dormir au Mexique, peut-être à un autre 200 km plus au sud.

Inch’Allah!

Mais Allah ne voulut pas.



Prochain épisode :
Phase 3 : trois fois la frontière et puis El Cielo !

mercredi 10 décembre 2008

Québec – Ventanilla (Oaxaca, Mexique) 2008_phase 1

Avant l’aube, vous partez en solo dans votre petite voiture glacée et chargée de tout le nécessaire. Vous souhaitez arriver au Mexique le plus tôt possible.

Vous allez rouler plus de 6,000 km jusqu'à votre destination tropicale où vous allez vivre pendant 18 mois. Un itinéraire détaillé en plus de 40 mini cartes vous aidera à traverser les USA avec efficacité. Pour la suite, il vous faudra improviser, et cela avec bonheur.


Phase 1 : le nord des USA à toute vitesse

Bon! C’est moi qui prends le volant. Vous, vous êtes le co-pilote invisible et muet, le témoin, la rêveuse, mon ange-gardien (il ou elle se manifestera souvent mais discrètement), le compagnon ou la compagne qui-aurait-bien-aimé-mais! Enfin, vous êtes là, ici et maintenant. En plein dans ce que je vais raconter. Vous roulez avec moi. En solo tous les deux, paradoxalement.

Mon itinéraire prévoit traverser les USA en 4 jours, soit en moyenne 1000 km par jours. Je réserve toutes mes ressources pour explorer un peu le nord et le centre du Mexique avant d’atteindre le sud-est, ma destination.

Ça devient compliqué d’écrire au présent le résumé d’une trop longue histoire. Je passe au passé. Vous suivez?

J’ai atteint mes objectifs les deux premiers jours. Je fuyais le froid. Je n’ai pas eu de difficultés vu l’excellence du réseau routier américain.

Le dimanche 9 novembre, je quittai Québec à 5h30 du matin et je roulai 1038 km en 11 heures.
J’ai passé les douanes américaines un peu avant 9h. Mon visa de retraité pour le Mexique a tellement piqué la curiosité des agents qu’après dix minutes d’explications, ils ont été satisfaits et m’ont fait décoller sans poser plus de questions ni faire d’inspection. J’aurais pu passer à leur insu un cochon vivant dans la voiture.

Cette première nuit, je dû renoncer au camping sous tente à cause du froid. Le site de camping prévu ne pouvant m’accommoder, je me réfugiai la nuit tombée dans une cabine chauffée du KOA Kamground à Pine Grove, Pennsylvania ($38 US). La photo montre la commodité du camping-sous-protection-totale.









Lundi, 10 nov. Je reparti du KOA pennsylvanien à 6h30, mettant le cap sur le massif montagneux des Great Smokies en Caroline-du-Nord. Là encore, j’avais repéré un site de camping ouvert aux tentes (la plupart des sites repérés par Internet n’acceptent que les RV – véhicules récréatifs). Je roulai toute la journée à la vitesse maximale permise. Permise par moi-même, bien sûr. Elle est calculée instinctivement, résultant en un très changeant compromis entre la loi, la sécurité, la puissance du moteur, et ma curiosité pour les paysages se chargeant de plus en plus de feuilles et de couleurs…

C’est en traversant un coin du Tennessee que je m’émerveillai vraiment pour des coloris d’automne tels que je n’en avais jamais vus. Mais je ne me suis pas arrêté, sauf à une aire de repos annonçant un belvédère. De ce haut lieu montagneux, aucun coloris exaltant ne s’offrait à la vue. Me retournant, j’aperçu ma petite voiture toute seule au cœur du paysage en cœur. Je me pris d’affection pour cette fidèle monture galopant de cime en cime vers mon soleil lointain… J’en fis la photo du jour.



À la fin, j’avais roulé 985 km, et la même histoire se répétait : température descendant sous zéro, pas de cabine disponible au site prévu. Après une longue recherche, c’est de justesse que je pus, après fermeture de l’accueil et la nuit tombée, me faire ouvrir une cabine au KOA Kampground de Cherokee, N.-C. ($57 US, quand même!). Sans mon ange (toi, peut-être!), j’aurais été obligé de dormir dans un hôtel de la ville… ce qui aurait rompu le charme de l’aventure.

Cherokee est une petite ville au cœur d’une réserve indienne au relief étonnant. Tout y est collines coniques et serrées, de bonne hauteur, avec des routes en lacets étroits serpentant sous une haute futaie bigarrée. Du moins c’est ce que j’ai vu au coucher puis au lever du soleil au cours de cette brève étape.

Mardi, 11 nov. Au petit matin, il faisait 4 degrés sous zéro. Mais d’innombrables merles en migration traversaient l’espace doré entre les cimes des arbres. Certains chantaient comme en plein été. Je m’intégrai totalement à leur migration. Et pour la 3e journée, je mettais le cap vers le sud.

Sauf que mon plan initial était d’atteindre la Louisiane, à 1,200 km… dans la même journée. Je risquais des ennuis, des en nuit, cette dernière tombant si vite, et ma vue diminuant et ma fatigue augmentant avec l’obscurité. Sagement, je me dis que rien ne pressait vraiment. J’étudiai donc mon itinéraire et décidai de faire une petite journée (journey) d'environ 400 km jusqu’en Géorgie, où il ferait sûrement plus chaud.

Traversant la Caroline du Nord par un temps superbe, j’avais décidé de m’arrêter pour faire quelques photos. Mais la bonne route prévue n’offrait aucun des paysages splendides aperçus la veille. Il s’est trouvé que par une erreur incompréhensible, je quittai à mon insu la bonne route (US235 franc sud) pour faire un 20 km sur une petite route (US64) parcourant de superbes montagnes vers l’ouest. Ce n’est qu’après m’être régalé que je m’aperçu de mon erreur. Je rebroussai chemin, confus par mon manque d’attention, et ravi par la symphonie des couleurs qui emplissait toujours mes yeux, mon âme et la carte-mémoire de mon appareil.




Couleurs d’automne sur la US64, Caroline du Nord

Je croyais qu’on avait les plus belles au Québec… Affaire de goût, bien sûr, mais j’ai vu au Tennessee et en Caroline du Nord des paysages d’une richesse de coloris comme je n’en avais jamais vus : pointillés d’or, d’ocres, de bruns, de rouilles et de verts, avec quelques arbres écarlates.

Faut dire qu’il faisait froid (10 à 15 degrés le jour) dans ces montagnes, malgré leur altitude moyenne.

Enfin la chaleur
C’est en Géorgie que la température est devenue clémente. C’était, par la douceur de l’air et des couleurs, comme certaines journées chaudes de fin septembre à Québec (21-23 degrés).

Au cours de la révision de mon itinéraire, j’avais choisi La Grange sur la carte pour ma 3e nuit. La Grange, c’est français et ça sonne campagne… À mon étonnement, j’ai trouvé là une grande ville de Géorgie. En prenant la sortie de l’autoroute, je me suis laissé guider par la première annonce de camping : un parc gouvernemental à West Point Lake. Un endroit magnifique.

West Point Lake, Géorgie

J’ai dormi sous ma tente au bord du lac, dans une paix délicieuse. Mon sac de couchage nordique était recouvert de mon sac de couchage tropical. Il a fait 9-10 degrés toute la nuit.






Bernaches en migration à West Point Lake, Géorgie (2 clics sur l'image pour agrandir)
NOUS, les migrateurs…

Prochain épisode :
Phase 2 : ralentissement et explorations au Texas