mercredi 10 décembre 2008

Québec – Ventanilla (Oaxaca, Mexique) 2008_phase 1

Avant l’aube, vous partez en solo dans votre petite voiture glacée et chargée de tout le nécessaire. Vous souhaitez arriver au Mexique le plus tôt possible.

Vous allez rouler plus de 6,000 km jusqu'à votre destination tropicale où vous allez vivre pendant 18 mois. Un itinéraire détaillé en plus de 40 mini cartes vous aidera à traverser les USA avec efficacité. Pour la suite, il vous faudra improviser, et cela avec bonheur.


Phase 1 : le nord des USA à toute vitesse

Bon! C’est moi qui prends le volant. Vous, vous êtes le co-pilote invisible et muet, le témoin, la rêveuse, mon ange-gardien (il ou elle se manifestera souvent mais discrètement), le compagnon ou la compagne qui-aurait-bien-aimé-mais! Enfin, vous êtes là, ici et maintenant. En plein dans ce que je vais raconter. Vous roulez avec moi. En solo tous les deux, paradoxalement.

Mon itinéraire prévoit traverser les USA en 4 jours, soit en moyenne 1000 km par jours. Je réserve toutes mes ressources pour explorer un peu le nord et le centre du Mexique avant d’atteindre le sud-est, ma destination.

Ça devient compliqué d’écrire au présent le résumé d’une trop longue histoire. Je passe au passé. Vous suivez?

J’ai atteint mes objectifs les deux premiers jours. Je fuyais le froid. Je n’ai pas eu de difficultés vu l’excellence du réseau routier américain.

Le dimanche 9 novembre, je quittai Québec à 5h30 du matin et je roulai 1038 km en 11 heures.
J’ai passé les douanes américaines un peu avant 9h. Mon visa de retraité pour le Mexique a tellement piqué la curiosité des agents qu’après dix minutes d’explications, ils ont été satisfaits et m’ont fait décoller sans poser plus de questions ni faire d’inspection. J’aurais pu passer à leur insu un cochon vivant dans la voiture.

Cette première nuit, je dû renoncer au camping sous tente à cause du froid. Le site de camping prévu ne pouvant m’accommoder, je me réfugiai la nuit tombée dans une cabine chauffée du KOA Kamground à Pine Grove, Pennsylvania ($38 US). La photo montre la commodité du camping-sous-protection-totale.









Lundi, 10 nov. Je reparti du KOA pennsylvanien à 6h30, mettant le cap sur le massif montagneux des Great Smokies en Caroline-du-Nord. Là encore, j’avais repéré un site de camping ouvert aux tentes (la plupart des sites repérés par Internet n’acceptent que les RV – véhicules récréatifs). Je roulai toute la journée à la vitesse maximale permise. Permise par moi-même, bien sûr. Elle est calculée instinctivement, résultant en un très changeant compromis entre la loi, la sécurité, la puissance du moteur, et ma curiosité pour les paysages se chargeant de plus en plus de feuilles et de couleurs…

C’est en traversant un coin du Tennessee que je m’émerveillai vraiment pour des coloris d’automne tels que je n’en avais jamais vus. Mais je ne me suis pas arrêté, sauf à une aire de repos annonçant un belvédère. De ce haut lieu montagneux, aucun coloris exaltant ne s’offrait à la vue. Me retournant, j’aperçu ma petite voiture toute seule au cœur du paysage en cœur. Je me pris d’affection pour cette fidèle monture galopant de cime en cime vers mon soleil lointain… J’en fis la photo du jour.



À la fin, j’avais roulé 985 km, et la même histoire se répétait : température descendant sous zéro, pas de cabine disponible au site prévu. Après une longue recherche, c’est de justesse que je pus, après fermeture de l’accueil et la nuit tombée, me faire ouvrir une cabine au KOA Kampground de Cherokee, N.-C. ($57 US, quand même!). Sans mon ange (toi, peut-être!), j’aurais été obligé de dormir dans un hôtel de la ville… ce qui aurait rompu le charme de l’aventure.

Cherokee est une petite ville au cœur d’une réserve indienne au relief étonnant. Tout y est collines coniques et serrées, de bonne hauteur, avec des routes en lacets étroits serpentant sous une haute futaie bigarrée. Du moins c’est ce que j’ai vu au coucher puis au lever du soleil au cours de cette brève étape.

Mardi, 11 nov. Au petit matin, il faisait 4 degrés sous zéro. Mais d’innombrables merles en migration traversaient l’espace doré entre les cimes des arbres. Certains chantaient comme en plein été. Je m’intégrai totalement à leur migration. Et pour la 3e journée, je mettais le cap vers le sud.

Sauf que mon plan initial était d’atteindre la Louisiane, à 1,200 km… dans la même journée. Je risquais des ennuis, des en nuit, cette dernière tombant si vite, et ma vue diminuant et ma fatigue augmentant avec l’obscurité. Sagement, je me dis que rien ne pressait vraiment. J’étudiai donc mon itinéraire et décidai de faire une petite journée (journey) d'environ 400 km jusqu’en Géorgie, où il ferait sûrement plus chaud.

Traversant la Caroline du Nord par un temps superbe, j’avais décidé de m’arrêter pour faire quelques photos. Mais la bonne route prévue n’offrait aucun des paysages splendides aperçus la veille. Il s’est trouvé que par une erreur incompréhensible, je quittai à mon insu la bonne route (US235 franc sud) pour faire un 20 km sur une petite route (US64) parcourant de superbes montagnes vers l’ouest. Ce n’est qu’après m’être régalé que je m’aperçu de mon erreur. Je rebroussai chemin, confus par mon manque d’attention, et ravi par la symphonie des couleurs qui emplissait toujours mes yeux, mon âme et la carte-mémoire de mon appareil.




Couleurs d’automne sur la US64, Caroline du Nord

Je croyais qu’on avait les plus belles au Québec… Affaire de goût, bien sûr, mais j’ai vu au Tennessee et en Caroline du Nord des paysages d’une richesse de coloris comme je n’en avais jamais vus : pointillés d’or, d’ocres, de bruns, de rouilles et de verts, avec quelques arbres écarlates.

Faut dire qu’il faisait froid (10 à 15 degrés le jour) dans ces montagnes, malgré leur altitude moyenne.

Enfin la chaleur
C’est en Géorgie que la température est devenue clémente. C’était, par la douceur de l’air et des couleurs, comme certaines journées chaudes de fin septembre à Québec (21-23 degrés).

Au cours de la révision de mon itinéraire, j’avais choisi La Grange sur la carte pour ma 3e nuit. La Grange, c’est français et ça sonne campagne… À mon étonnement, j’ai trouvé là une grande ville de Géorgie. En prenant la sortie de l’autoroute, je me suis laissé guider par la première annonce de camping : un parc gouvernemental à West Point Lake. Un endroit magnifique.

West Point Lake, Géorgie

J’ai dormi sous ma tente au bord du lac, dans une paix délicieuse. Mon sac de couchage nordique était recouvert de mon sac de couchage tropical. Il a fait 9-10 degrés toute la nuit.






Bernaches en migration à West Point Lake, Géorgie (2 clics sur l'image pour agrandir)
NOUS, les migrateurs…

Prochain épisode :
Phase 2 : ralentissement et explorations au Texas


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